UHFP 2025 : qu’en retenir pour la formation professionnelle ?

Arriver au Palais des Festivals, avec son tapis rouge iconique et sa vue imprenable sur le port de Cannes, pose tout de suite le décor : l’UHFP n’est pas un rendez-vous comme les autres. Durant trois jours, les échanges ont été nombreux, les ateliers et tables rondes variés et les personnalités politiques et institutionnelles étaient encore une fois au RDV. Mais, une fois l’effervescence retombée, le tapis rouge rangé, et les acteurs repartis aux quatre coins de la France, que retenir de cet évènement qui s’est déroulé dans un contexte d’incertitude fort ?

J’ai eu le privilège d’assister à l’évènement et voilà ce que j’en ai retenu. Ceci est clairement une vision partielle et partiale de l’événement, tant il m’a fallu faire des choix. Je ne prétends donc pas à l’exhaustivité ni à une totale neutralité (je préfère le répéter souvent). Cela peut être intéressant de combiner ça avec le retour des différents participants à l’évènement.

Principe de réalité pour la formation professionnelle

Premier constat : l’heure n’est pas aux grandes utopies. Le discours de la Ministre du Travail et de l’emploi, madame Panosyan-Bouvet ainsi que ceux des différents institutionnels (OPCO, France compétences, Caisse des dépôts…) est relativement clair. Il fait écho au discours plus général de l’exécutif sur la volonté d’économie et de limitation des dépenses.

Les acteurs de la formation sont donc invités à faire « mieux avec moins ».

Côté moyens financiers, la tendance est au mieux à la stagnation, au pire à la baisse. Après l’annonce d’une réduction des aides l’embauche des apprentis (dont le décret peine à sortir), ce sont à nouveau les niveaux de prise en charge des contrats d’apprentissage qui pourraient être revus à la baisse. Certains dispositifs très peu utilisés et avec très peu d’impact sont également dans le viseur comme Transco et la Pro-A.

Dans le même ordre d’idée, la chasse à la fraude et au mauvais usage des fonds va encore être renforcée avec des nouvelles vagues de contrôles à venir et des moyens supplémentaires sur les dossiers sollicitant des fonds publics.

Enfin, sans annonce très claire encore, l’emploi des Seniors s’avère être une priorité pour le Gouvernement. On notera que depuis le dernier accord interprofessionnel, on parle de salariés expérimentés.

Des thématiques porteuses

Il est toujours intéressant de s’attarder sur les thèmes récurrents et les angles choisis par les décisionnaires. Ils sont rarement anodins. De mon côté, plusieurs thèmes m’ont interpelé :

• La notion d’engagement, porté par une conférence d’introduction de Cynthia FLEURY, elle a fait écho à la nécessaire dimension de mise en action pour devenir acteur de son chemin professionnel, mais porte également en elle la mission sociale de tous les acteurs œuvrant pour la formation professionnelle : développer des vies, faire évoluer des carrières, transformer des vies.
• L’emploi des séniors et des publics fragilisés, sujet ayant encore pris davantage d’ampleur avec la dernière réforme des retraites.
• La reprise en main de la formation par les entreprises, notamment via le CPF co-construit pour décharger les pouvoirs publics.
• Et enfin, la dimension technologique de la formation avec l’IA en tête de gondole.

Un futur technologique ?

L’aspect technologique était également au cœur des débats. L’IA s’impose bien évidement dans les discussions. Cependant, les débats restent souvent polarisés entre « pour » ou « contre ». Il a parfois manqué le « comment », avec des vrais cas d’usage : comment l’utiliser efficacement, de manière éthique et durable, en prenant en compte la confidentialité des données, tout en nous engageant dans la nécessaire transition environnementale et énergétique ?

À travers un atelier de Design fiction très intéressant, nous avons également pu travailler en sous-groupes sur plusieurs scénarios possibles à l’horizon 2040 à travers des solutions comme :

• L’hologramme et tout un dispositif haptique permettant par exemple d’avoir un référent AFEST à domicile.
• L’IA pour créer des expériences personnalisées.
• Le traitement des données personnelles pour créer des coachs et des conseillers augmentés.
• L’exosquelette pour l’apprentissage des gestes métiers.

Du nouveau côté certification professionnelle

Finalement, quelques annonces ont été faites du côté de la certification professionnelle avec des décrets et documents à venir.

• Insertion professionnelle : l’analyse des parcours des personnes certifiées sera sécurisée avec une base de données dédiée pour mieux évaluer l’impact des certifications sur l’employabilité.
• Dimension écologique et réglementaire : les référentiels de certification intégreront davantage de critères liés à la transition écologique et aux compétences requises pour les métiers de demain.
• Répertoire Spécifique (RS) : une évolution des outils, comme un Vademecum, est prévue pour clarifier les attentes liées au RS et fluidifier les démarches d’enregistrement.
• Promotion : Il ne faudra bientôt plus qu’une seule promotion pour déposer un projet de certification au RNCp (contre 2 actuellement). Côté RS, il y aura prochainement cette exigence, même si les exigences seront a priori allégées par rapport au RNCP, notamment en termes de suivi post-certification.

Pas une révolution

L’évènement a été marqué par un contexte d’incertitude politique, budgétaire et économique. Il n’est guère étonnant qu’il n’ait pas fait l’objet d’annonces tonitruantes. 2025 se présente comme une année d’ajustements techniques et budgétaires et non comme une année de réforme et de grands travaux.

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