La lutte contre l’anonymat sur internet continue

Il apparaît que des gens publient des choses sur internet, pas toujours tendres voire carrément méchantes, et qu’elles le font d’autant plus facilement qu’elles restent anonymes. C’est – on en conviendra aisément – parfaitement intolérable et tout doit être mis en oeuvre pour l’interdire avec la plus grande fermeté, nom d’un petit bonhomme ! Rendez-vous compte : […]

Jan 31, 2025 - 10:23
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La lutte contre l’anonymat sur internet continue

Il apparaît que des gens publient des choses sur internet, pas toujours tendres voire carrément méchantes, et qu’elles le font d’autant plus facilement qu’elles restent anonymes. C’est – on en conviendra aisément – parfaitement intolérable et tout doit être mis en oeuvre pour l’interdire avec la plus grande fermeté, nom d’un petit bonhomme !

Rendez-vous compte : bien cachés derrière l’incroyable anonymat permis par le laxisme évident des intertubes webesques, des internautes animés de l’intention de nuire laissent des commentaires peu flatteurs voire carrément diffamatoires à chaque fois qu’ils le peuvent dans les descriptifs d’hôtels, de restaurants qui apparaissent sur internet, détruisant en quelques clics délétères la réputation de nobles établissements.

Ainsi, qui n’a pas constaté, dans les commentaires de restaurants, les avis à l’emporte-pièce de GinetteDu55 qui explique que « la bouffe est dégueulasse et le service minable, 1 étoile c’est encore trop » ou ceux de Darkn00b35 concernant tel hôtel dont « la réception pue, les sanitaires sont douteux et le petit chocolat sur l’oreiller m’a donné la diarrhée – fuyez, 1 étoile max » ?

C’est sans doute pour cela que les autorités italiennes sont courageusement en train d’introduire des mécanismes afin d’éviter ces dérives évidentes : puisque l’anonymat semble autoriser toutes les méchancetés, obligeons tout le monde à se dévoiler sur internet, et fini les méchancetés. Grâce à cette ingénieuse proposition, fini les commentaires bidons, terminé les avis méchants infondés ! Il n’y aura plus que des commentaires des internautes publics, au nom reconnu et correctement traqués par les différentes plateformes dans leurs bases de données bien sécurisées.

Bien évidemment, ceci ne serait pas nécessaire si ce fléau, cette peste numérique des temps modernes n’affectait pas entre 6 et 30 % du chiffre d’affaires des sociétés du secteur de l’hôtellerie et du tourisme, selon le gouvernement italien. Au passage, admirez l’étroitesse de l’intervalle et le rapport de 1 à 5 entre les deux bornes, qui donne une assez bonne idée de la solidité de l’argument sur lequel s’appuie l’ensemble de cette opération consternante.

Consternante, c’est bien le mot : au prétexte d’avis truqués, l’idée consiste donc à imposer la perte d’anonymat sur internet et celle d’une identité révélée qui suit l’internaute en tout lieux, en tous temps.

Outre l’aspect technique qui rend l’opération risible (on pourra relire pour s’en convaincre un précédent article sur les tentatives, aussi rigolotes que stupides, des autorités françaises concernant les sites pornographiques), cela signifie surtout que des masses de données sensibles – tendant à prouver l’identité d’une personne – seront conservées et utilisées régulièrement un peu partout sur internet, pour des choses aussi mondaines que des avis sur les antipasti du restaurant du coin.

Non seulement ceci est dangereux pour les internautes, mais cela permet en outre (et cela n’a absolument rien d’innocent) aux autorités – italiennes dans ce cas – de véritablement pister les internautes dans la plupart de leurs activités… Y compris politiques.

Car ne voyez rien d’autre dans cette nouvelle tentative législative dans le domaine numérique qu’un pied dans la porte des autorités pour mettre enfin un terme à toute liberté d’expression sur les réseaux sociaux.

Le mécanisme est simple, connu, et ses premières étapes déjà largement visibles avec les arguments habituels déployés par les indispensables chroniqueurs et politiciens de plateaux médiatiques : « l’anonymat, c’est laid, c’est vilain même ; pire, c’est le blanc-seing donné aux méchants et aux aigris pour venir déverser leur haine, leur mauvaise humeur et surtout leurs fake news sur les réseaux sociaux sans foi ni loi, mettre des commentaires horribles comme avis d’honnêtes commerçants, voire troller sous les articles d’une presse irréprochable, notamment. »

L’étape suivante, c’est bien évidemment d’accréditer cette thèse par des douzaines de témoignages et d’exemples tous plus visibles, criants et horribles les uns que les autres. On pourra les trouver d’autant plus facilement qu’on ameutera des influenceurs, des chroniqueurs, des politiciens et des experts de plateau pour témoigner de leurs horribles expériences vécues (ou prétendues telles) sur l’un ou l’autre réseau social.

L’étape suivante consistera à créer de tels commentaires et revues, voire des « fake news » grotesques, par centaines ou par milliers, en utilisant les dernières avancées de l’intelligence artificielle. Après tout, on n’hésite guère à le faire pour ajouter d’invraisemblables commentaires positifs ou élogieux en-dessous de bouses cinématographiques désertées par les spectateurs, pourquoi ne pas pourrir les commentaires de publications honorables et les avis de lieux réputés ?

Mais quel serait donc le but de cette inondation de mauvaise humeur et de méchanceté dans les commentaires de publications médiatiques ?

Il est évident : garantir que tout le monde, outré, comprendra la nécessité d’intervenir ! « Cela ne peut pas durer, enfin voyons, même sous ces excellentes publications, les critiques sont acerbes ! » ou « Enfin, peut-on laisser des robots russes ou américains pourrir ainsi la réputation de ce célèbre restaurant, de cet hôtel ou de ce musée, cet aéroport français renommés ? »

C’est intolérable, il faut absolument faire quelque chose, n’est-ce pas ?

Et franchement, l’identité numérique qui permet de tracer tout le monde, tout le temps et surtout sur les réseaux sociaux, quoi de mieux ? D’autant que l’idée actuellement en discussion en Italie ne diffère pas des masses de celle développée en 2020 par les parlementaires français, après tout…

Non, sérieusement, réfléchissez-y un peu : pour éviter le pourrissement des intertubes par les vilains et les aigris, pour éviter leur inondation par les fake news et autres intox dont on sait que certaines proviennent des Russes, des Chinois, des Américains, bref de nos ennemis, on impose la disparition de l’anonymat, on met en place puis on impose l’identité numérique, et tout le monde sera bien plus heureux. Si si.

Finies les élections malencontreusement bousculées par « des bots russes » ou une « ingérence américaine » !

Par exemple, actuellement dépourvues de moyens et plongées au milieu d’anonymes malveillants par millions, les autorités allemandes peinent à tenir leurs prochaines élections qui risquent de laisser les citoyens allemands voter de travers ! Comme l’identité numérique n’est pas encore imposée, n’importe qui peut influencer n’importe qui d’autre sur les réseaux, et faire basculer la politique allemande dans les heures les plus sombres de l’histoire européennes, avec bruit de bottes en prime.

Certes, en utilisant des alinéas bien sévères du Digital Service Act européen, on pourra certainement couper court aux discussions en ligne en Allemagne et museler les opposants anonymes délétères. Certes, ce Digital Service Act se dote à présent et fort commodément d’outils pour en finir avec les factieux sur les intertubes. Le timing est bien fait, n’est-ce pas.

Mais l’étape suivante reste indispensable : le cheptel les citoyens doivent être numérotés identifiables partout, comme l’expliquait il y a peu un certain Klaus S. d’une intéressante petite association caritative :

schwab WEF transparence totale

Eh oui : qui ne voudrait pas d’une transparence totale ? Qui peut nier que seuls les terroristes utilisent l’anonymat et les pseudonymes, comme « Rex » au lieu de Jean Moulin, comme « Publius » pour Alexander Hamilton ou James Madison ? Qui peut nier que ceux qui n’ont pas besoin de pseudonymes n’ont rien à dire et donc rien cacher, au contraire des autres, forcément coupable d’un quelconque méfait, d’une sédition dangereuse ?

Alors oui, les anonymes postent n’importe quoi sur les réseaux, mais leur temps est révolu. Et les autorités, qui veulent évidemment notre bien, vont rapidement mettre en place des mesures efficaces pour assurer notre transparence totale.

Non, vraiment, il ne faut pas avoir peur.

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