La France se met (quasiment) en ordre de bataille pour reconquérir le monde.
La première semaine de Trump au pouvoir n’a laissé aucun doute sur la rapidité avec laquelle le nouveau patron de la Maison Blanche voulait agir : ordres exécutifs à gogo, déclarations tranchantes, mise en route immédiate de certains de ses programmes, à commencer par les reconduites à la frontières des illégaux dangereux… Bref, le bulldozer Trump […]
La première semaine de Trump au pouvoir n’a laissé aucun doute sur la rapidité avec laquelle le nouveau patron de la Maison Blanche voulait agir : ordres exécutifs à gogo, déclarations tranchantes, mise en route immédiate de certains de ses programmes, à commencer par les reconduites à la frontières des illégaux dangereux… Bref, le bulldozer Trump est en marche.
Pendant ce temps, la France prend toute la mesure du défi que représente la façon dont l’Amérique de Trump est en train de pivoter vers une ferme reprise en main de son développement industriel et technologique, bien au-delà de ce qu’on a vu jusqu’à présent (intelligence artificielle, fusées réutilisables, réseau satellitaire, etc.) : les États-Unis entendent redevenir indépendants énergétiquement (« drill, baby drill » n’est pas autre chose) et imposer leur domination économique aussi rapidement que possible avant que le concurrent chinois n’emporte définitivement la course.
Les élites européennes ne semblent pas vraiment remises de ce qui a constitué (croyez-le ou non) une surprise pour elles, à savoir la réélection d’un candidat que toutes, complètement auto-intoxiquées par leur propre propagande, donnaient perdant devant Kamala Harris. Prises de court, elles n’ont eu qu’à peine deux mois pour se remettre de leur émotion initiale et peinent encore à comprendre que les « douces années Biden » viennent de brutalement s’achever.
Devant ce constat, tant bien que mal, la France doit mobiliser ses talents, et rapidement si possible.
Rassurez-vous, tant l’Élysée, conseillé par McKinsey et leurs vaillantes troupes, que Matignon, cornaqué par la pointure Bayrou, ou que le Palais Bourbon avec ce que la République compte de députés les plus affûtés, tous ont compris les enjeux, les risques et les opportunités que ce changement drastique à la tête de l’État américain offrait à l’Hexagone.
C’est bien sûr pour cela que notre frétillant président, Emmanuel Macron, n’a pas hésité à mettre la main à la pâte et le smartphone au péage. Relayant (sans les vérifier) les propos confus d’un influenceur qu’on découvrira un peu plus tard comme tendrement intéressé par l’islamisme le plus radical, le président français s’est donc fait fort de garantir que la France allait rapidement autoriser le paiement par ce truchement aux péages autoroutiers.
Enfin, il était temps !
Ne nous attardons pas sur le fait que ce que l’influenceur racontait pourrait fort bien avoir été intégralement inventé, c’est sans importance dans notre contexte : la France prend des décisions, pivote vers de nouvelles opportunités et le Chef de l’État n’est pas le dernier artisan de ce changement drastique d’orientation.
L’intelligence artificielle se développe de plus en plus vite ?
La France, berceau de la vitesse, de technologies de pointes et d’une vie culturelle frémissante, ne sera pas en reste : ainsi, des utilisations de plus en plus créatives de cette technologie apparaissent et les Français se montrent friands d’applications originales, comme par exemple la production industrielle de commentaires élogieux pour un navet cinématographique :
Et quand l’intelligence artificielle n’est pas utilisée en France pour remplir les commentaires de revues de film, elle est sérieusement envisagée pour… aider à combler le déficit de financement des retraites : on découvre ainsi, avec la joie qui s’empare des vrais patriotes voyant leur pays se relever fièrement devant les défis d’un monde nouveau à bâtir, que de solides chefs d’entreprises proposent enfin (ENFIN !) des idées d’avant-garde pour financer les retraites en taxant ces technologies qui viennent prendre le pain de la bouche de nos ouvriers. Pour Michel-Édouard Leclerc, pas de doute, il faut taxer le digital, la robotique et l’intelligence artificielle :
« Le travail est concurrencé par la robotique, concurrencé par le digital, par les produits importés à bas coût. (…) Il faut faire payer la robotique, le digital, l’intelligence artificielle . (…) Il y a de l’argent pour financer les prestations sociales »
Taxer les robots, taxer les chatbots, taxer les agents d’intelligence artificielle, même combat ! Les retraites des Français seront sauvées, car tout le monde sait que lorsqu’on taxe le lait, la vache vient déposer son chèque au Trésor Public le plus proche à chaque fin de mois.
Eh oui, une nouvelle taxe, une nouvelle façon de ponctionner sur un nouveau domaine spécifique, c’est original et ça nous change des solutions proposées habituellement, vous ne trouvez pas ?
D’ailleurs, à propos de taxe et de nouvelles technologies, comment oublier le succès retentissant du service « Gérer mes biens immobiliers », lancé par Bercy en 2023 pour recueillir des informations sur les occupants effectifs des locaux d’habitation ? L’outil judicieusement conçu et destiné à mieux calibrer les taxes qui vont s’abattre en fine pluie rafraîchissante sur les contribuables a déjà permis de réaliser de solides dérapages budgétaires puisqu’on estime à plus d’1,3 milliards d’euros la facture du véritable fiasco de son installation à Bercy : coût qui a quadruplé, des remboursements à gogo dont une bonne partie coincée dans les tubulures multiples des administrations locales et nationales, mauvais calculs et disparition d’un million d’assujettis, voilà qui donne une nouvelle illustration de l’excellence des développements informatiques menés par l’État.
On attend avec gourmandise les résultats foudroyants de Lucie, la nouvelle intelligence artificielle que le monde de l’éducation français nous réserve. Disponible depuis quelques jours, elle offre déjà d’intéressants débats et des réalisations hardies :
Comme on peut le lire ci-dessus, l’avenir de nos enfants est entre de bonnes mains numériques. L’Amérique n’a qu’à bien se tenir !
On le comprend : la France a compris ce qui se passait dans le monde, et comment les changements, outre-Atlantique, allaient très vraisemblablement durablement modifier la donne pour notre avenir gépolitique, économique et social. Les forces vives de la Nation sont au taquet, et aucune opportunité ne sera laissée au hasard. Nos députés sont évidemment aux premières loges et font déjà les efforts qui s’imposent pour, eux aussi, aider le pays dans les bouleversements qui l’attendent : ils ont ainsi récemment approuvé une proposition de loi véritablement audacieuse pour lutter contre les pannes d’ascenseur.
Les Américains sont possiblement au début d’un nouveau cycle politique. Les Français, eux, sont plus probablement à la fin. L’État américain veut donc des résultats, alors que l’État français, lui, ne désire plus que du contrôle.
Ce pays est donc joyeusement foutu.