Inondations, avaries, obsolescences… la présidente-directrice du Louvre tire la sonnette d’alarme sur la santé du musée
Des “bâtiments trop sollicités”, dont beaucoup “arrivent à un niveau d’obsolescence inquiétant”. Les mots sont durs et ont de quoi inquiéter, surtout quand il s’agit du musée le plus populaire de France, et peut-être du monde : le Louvre. Tout comme la Tour Eiffel, dont le manque d’entretien a été dénoncé il y a quelques […]
Des “bâtiments trop sollicités”, dont beaucoup “arrivent à un niveau d’obsolescence inquiétant”. Les mots sont durs et ont de quoi inquiéter, surtout quand il s’agit du musée le plus populaire de France, et peut-être du monde : le Louvre. Tout comme la Tour Eiffel, dont le manque d’entretien a été dénoncé il y a quelques mois, le célèbre musée serait dans un état inquiétant à plusieurs niveaux…
Un musée dangereusement obsolescent
Cette dure réalité est dépeinte par Laurence des Cars, présidente-directrice du Louvre, dans une note confidentielle adressée à la ministre de la Culture Rachida Dati et dévoilée ces dernières heures par Le Parisien. Tristement révélateur, le texte mentionne un “niveau d’obsolescence inquiétant des équipements” et met en avant une “multiplication d’avaries” dans les salles d’exposition du vieux palais. Un constat qui fait tristement écho à l’incident de 2023, lorsque l’exposition consacrée aux dessins de Claude Gillot avait dû être décrochée en urgence pour cause de fuites d’eau. Une situation inquiétante à laquelle viennent s’ajouter des ascenseurs et des escalators perpétuellement en panne et un bâtiment peu adapté au changement climatique.
Dans sa note, Laurence des Cars déplore que, lors des grandes vagues de chaleur, “la verrière de la pyramide de Pei crée un effet de serre”. Dans certaines galeries, les variations de température mettraient même les œuvres en danger. Concernant la célèbre pyramide, le traitement phonique de cet espace demeure “très médiocre”, selon la première femme à la tête du plus grand musée du monde. Pour ne rien arranger à la situation, il s’avère que “visiter le Louvre constitue une épreuve physique”, en raison de “l’insuffisance des services offerts au public”. En résumé, le visiteur ne dispose d’aucun espace lui permettant de faire une pause et l’offre alimentaire ou sanitaire est insuffisante.
Une nouvelle phase de travaux bientôt annoncée par Emmanuel Macron ?
En cause, le modèle “structurellement dépassé” du Grand Louvre voulu par François Mitterrand. Ce ravalement de façade effectué dans les années 1980 a fait du Palais un “musée de masse” pensé pour accueillir quatre millions de visiteurs annuels, contre deux auparavant. Problème, l’affluence a dépassé, voire outrepassé, les attentes puisque le cap des 10,2 millions avait été atteint en 2018, puis 8,7 millions l’année dernière. À l’image de la célèbre Salle des Etats, où trône la Joconde, qui accueille quotidiennement près de 20 000 curieux. Un public en réalité bien trop nombreux, “sans que lui soient données les clefs de compréhension de l’œuvre et de l’artiste, interrogeant par là même la mission de service public du musée”, toujours selon Laurence des Cars. Le message est donc clair : le Louvre a un besoin urgent de rénovation… et donc de financements.
“C’était un palais à l’origine, pas un musée, ce qui complique tout. La pyramide est une passoire thermique. Quant à la Joconde, la foule en fait la plus grande déception des touristes.”
Le musée du Louvre est-il en danger ? @yjaegle dans #CàVous pic.twitter.com/qqjFBCiYCR
— C à vous (@cavousf5) January 23, 2025
Sans surprise, l’enveloppe est élevée puisque, selon une source proche du dossier, au moins “100 millions d’euros d’investissements seraient nécessaires, notamment pour des travaux de restauration prioritaires”. Un chiffre qui s’élève bien au-delà des 26 millions d’euros mis sur la table à cet effet en 2024. Malgré plusieurs sources de revenus intarissables, à commencer par une fréquentation toujours très importante ou le succès du Louvre Abu Dhabi, le Louvre accuse toujours le déficit de la crise sanitaire et n’est donc pas en mesure de dégager suffisamment d’argent pour entamer les travaux de fond nécessaires. “C’est mon devoir d’alerter en tant que présidente”, assume Laurence des Cars, qui demande par ailleurs un soutien renforcé de l’Etat pour sauver ce musée ô combien important pour Paris. Cela tombe bien, Emmanuel Macron se rendra mardi 28 janvier au Louvre et pourrait annoncer une nouvelle phase de travaux, trente ans après le Grand Louvre de François Mitterrand.
À lire également : Un somptueux banquet médiéval va être organisé dans un monument historique de l’île-de-la-Cité
Image à la une : Musée du Louvre © Adobe Stock