Le Tournoi des 6 Nations, du rugby et des hymnes nationaux
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Le deuxième et très attendu match du Tournoi des 6 nations, entre l’Angleterre et la France, aura lieu à Twickenham à 17h45 heure française…
Le Tournoi des 6 Nations est synonyme d’hiver qui entame son crépuscule et de crépuscules qui repoussent leur entame, de tenues maculées de boue, de sueur et de sang, de mêlées disputées dans les derniers frimas qui laisseront place aux premières douceurs du printemps et forcément de rivalités entre nations historiquement rivales, avec en point d’orgue le Crunch (rencontre entre la France et l’Angleterre) et la Calcutta Cup (entre l’Écosse et la Perfide Albion). Symbolisant à peu près tout cela à la fois, les hymnes y sont entonnés, plus que partout ailleurs, avec ferveur, un sentiment national puisant dans les profondeurs de l’Histoire et parfois quelques larmes dans les yeux.
Call of Ireland. Particularité rugbystique, l’équipe irlandaise regroupe les quatre provinces de l’île d’Émeraude (Leinster, Munster, Connacht, mais aussi… l’Ulster) ; à l’hymne national de la République d’Irlande (Amhrán na bhFiann ou Chanson du soldat) s’ajoute donc le beaucoup plus vibrant Call for Ireland qui inclut l’Irlande du Nord ; dans l’histoire dramatique, on retiendra l’interprétation en 2007 face aux Anglais à Croke Park – le stade habituellement dédié au rugby étant en rénovation -, là même où des soldats britanniques massacrèrent des Irlandais lors d’un match de foot gaélique en 1920 en pleine guerre anglo-irlandaise.
God Save the King. Pendant le long règne d’Elisabeth II, c’est la reine que l’hymne anglais célébra ; depuis l’accession sur le trône de Charles III, c’est à lui que s’adresse cette courte prière chantée ; l’air servit même un temps de chant patriotique dans de nombreux autres pays, dont les États-Unis avant que ceux-ci se choisirent Star Spangled Banner comme chant national – en référence à la bannière étoilée continuant de flotter aux premières lueurs de l’aube à Baltimore assiégé par les… Britanniques – ; la petite histoire raconte que Lully pourrait être l’auteur de la mélodie, et même s’il est difficile d’y croire, agissons, comme dans un western, « quand la légende est plus belle que la réalité, imprimons la légende » ; en matière de rugby Swing Low, Sweet Chariot est néanmoins beaucoup plus clairement associé au XV à la rose que God Save the King.
Flower of Scotland. Assister à l’hymne écossais en direct de Murrayfield, antre du XV au chardon, est une émotion difficilement comparable ; entamé à la cornemuse et terminé a capella, il rappelle les combats de Robert Ier d’Ecosse contre Edouard III d’Angleterre (dont le sobriquet est accompagné d’un bruyant « bastard » ajouté dans le texte par les supporters en tartan) et évoque les collines et les vallons du pays ; jugé trop violent par les fragiles dont l’époque regorge, certains ont déjà voulu l’interdire, mission impossible au pays de William Wallace.
Hen Wlad fy Nhadau. Si l’hymne écossais est le plus émouvant, son pendant gallois chanté à tue-tête dans un Millenium Stadium chauffé à blanc et vêtu de rouge est sans doute le plus puissant. C’est en se promenant sur les bords de la rivière Rhondda, dans le sud pastoral du pays, que germa l’idée dans l’esprit de James James ; au Pays de Galles, contrairement à d’autres nations du rugby, le ballon ovale est d’extraction ouvrière, ajoutant un surcroît de force à ce chant évoquant la terre des ancêtres, « braves guerriers, si nobles et si vaillants, qui versèrent leur sang pour la liberté » ; l’air est connu des Bretons qui l’empruntèrent à leurs cousins gallois pour composer le Bro gozh ma zadoù.
Ce n’est qu’en 2017 que l’Inno di Mameli devint officiellement l’hymne italien, plus d’un siècle après qu’il fut entonné pour la première fois dans le contexte de la création d’un Etat encore morcelé ; il évoque les « Fratelli d’Italia », ces « frères d’Italie » au service d’un pays qui s’est « soulevé avec le casque de Scipion » ; détail qui ne manque pas de piquant, l’auteur de l’hymne, le poète Goffredo Mameli, fut tué par des… Français en 1849.
Enfin, la Marseillaise, chant de guerre pour l’armée du Rhin et hymne contre la tyrannie, dont les premiers couplets ont été rédigés par Rouget de Lisle, fut commandée par le maire de Strasbourg après que la France eut déclaré la guerre à l’Autriche ; repris ensuite par les fédérés marseillais qui assiégèrent les Tuileries, l’hymne devint officiellement celui de la France sous la Troisième République en 1879 ; son rythme fut modifié à plusieurs reprises, par Giscard et Mitterrand ; gageons qu’il donne un surplus de force et de courage à Antoine Dupont, Thomas Ramos et Louis Bielle-Biarrey jusqu’au terme du Tournoi.
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