Saviez-vous qu’un deuxième Arc de triomphe devait être construit entre ces colonnes aux symboles légendaires ?

Lorsqu’on se trouve au centre de la fameuse Place de la Nation, il est impossible de ne pas lever les yeux au ciel. Ici, deux colonnes monumentales de 28 mètres de haut se dressent. Elles incarnent une histoire légendaire et symbolique. Laissez-nous vous guider face à ce que l’on nomme plus communément : la Barrière du Trône.

Une construction hors norme

Cette construction hors norme se situe à l’orée de l’avenue du trône. On y admire deux colonnes, et deux pavillons d’octroi. Ce nom doit vous dire quelque chose, car il y en a de très célèbres à Versailles, sur l’avenue de Paris, celle qui mène au château. Les octrois sont ce qu’on appelle plus communément aujourd’hui un « péage ». L’enceinte fiscale de l’actuelle avenue du trône se nommait « enceinte des Fermiers Généraux » et taxait les marchandises qui entraient dans Paris. D’ailleurs, à l’époque, une barrière se situait au niveau des colonnes et des octrois. Elle n’était pas appréciée de la population, qui la jugeait trop onéreuse.

Hormis son rôle d’ancien péage, saviez-vous que la Barrière du Trône porte ce nom grâce à Louis XIV ? De fait, le 26 août 1600, on y a érigé un trône pour accueillir le Roi Soleil et la future reine, Marie-Thérèse. En plus, avant, la Place de la Nation se nommait « Place du Trône » (un nom qui n’a pas dû plaire aux révolutionnaires) !

Colonnes gigantesques et symboliques

La Barrière du Trône a été construite à la fin de la Révolution : en 1787. Et si on s’attarde sur les détails des deux colonnes, on peut y apercevoir des symboles désormais légendaires, comme le blason de Paris. On le représente par un bateau à voile qui flotte sur la Seine, décordé d’une fleur de lis. Sa devise est : Fluctua Nec Mergitur, ce qui veut dire, « battu par les flots, mais ne sombre pas ».

Dès la construction des colonnes, l’objectif était d’installer des statues allégoriques symbolisant la Liberté du commerce et la Fortune publique, or, ce souhait n’a jamais vu le jour. C’est presque un siècle plus tard que des statues de Saint-Louis et de Philippe-Auguste y ont été installées. Les bas-reliefs ont aussi été ajoutés postérieurement. On y retrouve la Justice, la Paix, l’Abondance et la Victoire : des allégories qui reflètent parfaitement l’histoire de Paris. D’ailleurs, face à la Barrière du Trône, une scène historique et sanglante s’est jouée le 30 mars 1814. Ici, les élèves de l’École Polytechnique ont défendu la capitale contre les troupes autrichiennes, russes et prussiennes !

Deuxième arc-de-triomphe

La Barrière du Trône n’est pas le seul ancien octroi de Paris. Il reste encore des vestiges de la Barrière de l’Étoile, non loin de l’Arc de triomphe. Ce monument historique, qui fait la fierté des Champs-Élysées, a failli avoir un petit frère ici même ! C’est une anecdote peu connue, mais on aime bien se dire que l’avenue du trône a failli être aussi spectaculaire que la plus belle avenue du monde.

De fait, cette idée d’Arc de triomphe de l’Est parisien ne date pas du tout d’hier : Louis XIV cherchait déjà à « monumentaliser » l’entrée de Paris depuis Vincennes. Le projet est resté dans les tiroirs, jusqu’à ce que Napoléon III tombe dessus ! Cette fois, tout s’accélère, et on fait même une maquette grandeur nature, mais malheureusement, tout s’arrêtera là. Qui sait, peut-être que nous sommes en train d’éveiller l’idée de nouveau. Nous, on trouverait ça bien, un autre arc majestueux à l’est de Paris !  

Barrière de Trône, Pl. de la Nation, 75011 Paris

Nation : M1, M2, M6 et RER A

Photo à la une : Barrière du Trône, colonne et octroi © AdobeStock