Prospective canadienne
Les Canadiens vont vraisemblablement rapidement se rendre aux urnes. Qui prendra la suite de Justin Trudeau ? L’article Prospective canadienne est apparu en premier sur Causeur.
Les Canadiens vont vraisemblablement rapidement se rendre aux urnes. Qui prendra la suite de Justin Trudeau ?
Quiconque ne se prosternera pas et n’adorera pas sera jeté à l’instant même au milieu d’une fournaise ardente.
Daniel 3:6.
Le président Trump ne perd pas de temps depuis le 20 janvier, mais l’annexion formelle du Canada par les Etats-Unis (en un ou 10 états?) ne se fera pas instantanément. La première étape consistera sans doute en l’imposition de droits de douane de 25% sur les produits canadiens vendus sur le marché américain, et le pseudofrancophone Justin Trudeau a promis une riposte « robuste » (on eût préféré « ferme »). Vu que tous les partis d’opposition ont déclaré leur volonté de renverser le gouvernement (déjà minoritaire) dès la reprise des travaux parlementaires le 24 mars prochain, l’électeur canadien sera convoqué aux urnes très rapidement
De prime abord, il n’aura que l’embarras du choix.
Il pourra reconduire au pouvoir le parti libéral du Canada, dirigé pendant neuf longues années par un fils de son père, qui n’aurait jamais pu être élu délégué syndical, et dont le patronyme n’est pas assorti d’une connaissance de la langue française. Pis, alors que ce parti a toujours été censé défendre la francophonie à l’échelle pancanadienne, Justin a assené non pas une mais deux gifles, au Québec et aux Acadiens, en choisissant comme gouverneure générale Mary Simon, une femme bilingue… anglais et inuit, et une unilingue anglophone comme lieutenante-gouverneur du Nouveau-Brunwick, Brenda Murphy, la seule province théoriquement pleinement bilingue. (Justin avait promis, sans rire, que ces deux potiches apprendraient le français…). With friends like that, who needs enemies? Sans oublier l’obstruction systématique à l’immigration francophone. Mais une… « soumission » sans faille au lobby religieux, surtout fondamentaliste musulman : quel beau pays où l’on accepte l’imposition aux écolières de neuf ans du port du hijjab.
Le joli minois Justinesque a largement fait son temps… Presque une décennie. Qui donc dirigera le Titanic libéral dans deux mois?
On peut sans doute miser sur Mark Carney, qui dispose d’une certaine crédibilité économique. L’ex-vice-première ministre, Chrystia Freeland, naguère dauphine désignée de Justin « Blackface » Trudeau, a peu de chances de « prendre ses distances » de son mentor vu qu’elle fut sa fidèle servante pendant tout son règne. Et Carney vient d’obtenir l’impressionnant appui de François-Philippe Champagne, dont le titre de gloire est d’avoir maintenu un financement de plusieurs hypothèques totalisant 1,2 million de dollars pour deux propriétés situées à Londres auprès de la… Banque de Chine, alors qu’il était ministre des Affaires étrangères… Bon prince, lorsque la chose fut rendue publique, le pétillant ministre procéda à un patriotique refinancement auprès d’une institution financière canadienne. Et bien sûr, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, se range aussi à ses côtés, ce qui terrorise déjà le gouvernement chinois, récemment foudroyé par son regard revolver.
Pour se faire respecter de la communauté internationale, difficile de trouver mieux.
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Quant au nouveau parti démocratique (NPD), devenu récemment l’ex-allié du parti libéral, ses membres ont révélé leur envergure intellectuelle en répudiant Thomas Mulcair, seul chef crédible malgré une décevante défaite électorale, pour ensuite choisir Jagmeet Singh, personnage sympathique, au français nettement supérieur à celui de Justin (à vaincre sans péril…), mais dont le turban sikh constitue un acte perpétuel de propagande religieuse et donc une atteinte au principe de laïcité. (On peut en dire autant de l’actuelle cheffe du parti vert, Elizabeth May, anglicane pratiquante (c’est son droit), mais qui a la fâcheuse habitude d’exposer ses idées politiques en portant ostensiblement un crucifix sur la poitrine).
Pour l’instant, vu la détestation qui vise le PLC, on peut penser que le parti conservateur du Canada (PCC), dirigé par Pierre Poilièvre, a toutes les chances d’obtenir un gouvernement majoritaire. Son chef a un français fort convenable (oui, il faut le rappeler, pour un Canadien), et, là encore (on l’aura compris), nettement supérieur à celui de Justin. Mais vu sa base redneck de l’ouest canadien, il ne faut pas trop compter sur lui pour tenter de réaliser ce rêve impossible : faire du français une langue de plein exercice au Canada. Il prêche « le gros bon sens » (Note : généralement prononcé « le gros bon sang ») : exploitation du pétrole (drill, baby, drill!). Un Trump moins répugnant (même l’extrémisme se pratique avec modération au Canada), encore qu’il a eu son propre petit « 6 janvier » en soutenant le « convoi [de camions] de la liberté » antivax qui bloqua la capitale, Ottawa, pendant plusieurs semaines au début de 2022.
C’est à bon droit que le chef conservateur critique la fonction publique canadienne : le nombre de fonctionnaires est pléthorique et… la qualité des services étatiques n’a jamais été aussi médiocre; par exemple, gare au voyageur canadien qui a des ennuis juridiques dans des territoires exotiques : au mieux, il recevra des mollusques unilingues officiant dans les missions diplomatiques canadiennes une liste d’avocats et de traducteurs. Then, you are on your own, and good luck ! Courteline en rougirait.
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Pourtant, pas plus que les libéraux, il ne semble prêt à s’attaquer aux paradis fiscaux, qui eurent comme indéfectible allié son prédécesseur Stephen Harper, citoyen honoraire du Luxembourg et de la Barbade. Les généreux donateurs qui versent leur obole aux petites cagnottes électorales ne souffriraient pas une telle ingratitude. Et il faut avoir le sens des priorités en matière d’utilité sociale.
Voilà les possibilités qui s’offrent au Canada anglais. Mais quid de l’électeur québécois?
Lui dispose, en l’occurrence, d’une option supplémentaire, la plus rationnelle : le bloc québécois. Seul Yves-François Blanchet pourra faire contrepoids.
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