La grossesse change-t-elle durablement le cerveau des parents ?

La grossesse entraîne des changements anatomiques et hormonaux, mais aussi cérébraux : quels sont-ils ?

Fév 5, 2025 - 11:47
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La grossesse change-t-elle durablement le cerveau des parents ?
La grossesse influe sur le cerveau des mères, mais aussi des pères. KellySikkema/Unsplash, CC BY

La grossesse entraîne des changements anatomiques et hormonaux, mais aussi cérébraux : quels sont-ils ?

De manière peut-être plus surprenante, ces changements ne concernent pas que les mères, mais touchent aussi les pères.


Depuis quelques années, nous entendons de plus en plus parler de la façon dont la grossesse modifie la structure du cerveau humain. L’idée que le cerveau d’une mère change pendant la grossesse peut paraître étonnante, mais c’est pourtant le cas.

Des recherches récentes ont à nouveau mis en évidence l’ampleur de ces changements cérébraux, notant que peu de régions du cerveau sont épargnées par la transition vers la maternité et que les changements structurels les plus importants se produisent au cours du troisième trimestre de la grossesse.

Les résultats les plus convaincants à ce jour sur la façon dont le cerveau change pendant la grossesse concernent l’ampleur des changements dans les volumes de matière grise (composée de neurones, de cellules gliales et de synapses) dans un certain nombre de régions du cerveau chez les futures mères.

La recherche a documenté les changements cérébraux pendant la grossesse (de la prégrossesse au post-partum), montrant qu’il y a des réductions significatives des volumes de matière grise, à un taux de 1 %, dans de nombreuses zones du cerveau, mais surtout dans celles qui sont importantes pour certains aspects du comportement social. Ces zones cérébrales jouent un rôle important dans la capacité à mentaliser ou à déduire cognitivement les besoins des autres et sont donc essentielles pour certains aspects de la prestation de soins.


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Il peut paraître surprenant que les zones du cerveau importantes pour les soins soient réduites, mais nous devons nous rappeler que la taille ne dicte pas la fonction et, en fait, cela montre que le cerveau de la femme enceinte devient plus efficace.

En effet, nous observons chez les mères et les parents en général, des capacités cognitives et émotionnelles accrues qui sont associées à des changements remarquables dans le cerveau. Ainsi, les changements structurels du cerveau qui se produisent pendant la grossesse représentent un « réglage fin » du cerveau ou une adaptation à cette transition de la vie.

Ce « réglage fin » peut être observé directement dans les associations entre les diminutions structurelles du volume de matière grise et les augmentations de la qualité de la relation mère-enfant.

En outre, ces adaptations structurelles sont observées chez presque toutes les mères. Ils se produisent à un rythme similaire à celui que nous observons à l’adolescence, et peuvent persister pendant des années après la naissance.

Enfin, des recherches récentes montrent que ces réductions des volumes de matière grise sont plus prononcées à la fin de la grossesse et peuvent être affectées par le mode d’accouchement dans la période post-partum immédiate.

Le possible lien avec les aspects de la santé mentale et du bien-être maternels reste à déterminer.

Des changements fonctionnels et structurels du cerveau qui touchent aussi les pères

L’activité du cerveau, et pas seulement sa taille, est un autre facteur à prendre en compte dans le cadre de la maternité et de la parentalité. Des recherches récentes montrent que les mères et les pères présentent des changements fonctionnels cérébraux généralisés pendant la grossesse et la période postnatale dans les zones du cerveau qui sont importantes pour l’éducation des enfants.

En fait, les pères présentent également une diminution du volume de matière grise de certaines zones du cerveau (bien que dans une moindre mesure que pendant la grossesse) et ces changements structurels et fonctionnels du cerveau chez les pères sont liés au temps qu’ils passent à s’occuper de leur enfant et à leur implication concernant leur rôle de père.

La capacité de la grossesse à remodeler le cerveau humain est fascinante, mais au-delà de cela, il s’agit d’un appel à nous rappeler que devenir mère – et parent – est une expérience transformatrice qui est nécessaire pour coordonner les mécanismes neuronaux complexes qui sont essentiels à la vie.The Conversation

Jodi Pawluski ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.