Pourquoi vous préparez vos disputes dans votre tête
Il y a quelques semaines, Cassie*, 26 ans, attachée de presse, s’est préparée pour une dispute avec son copain. “Cela faisait des semaines qu’il n’avait pas fait le ménage. Au début, j’ai fait tout ce que j’ai pu pour essayer de passer outre et maintenir la paix, mais j’en arrivais à un point où je ne pouvais plus le supporter”, raconte-t-elle à Refinery29. Alors Cassie a préparé un plan d’action : elle l’attend près de la porte d’entrée. Elle lui dit qu’il faut qu’iels parlent, puis elle lui fait comprendre qu’il ne fait pas sa part du travail. “Mais ensuite, il riposte en me disant qu’il ne fait rien à la maison parce qu’il a beaucoup de travail”, explique-t-elle. C’est alors que Cassie commence à sortir les “dossiers”, comme elle les appelle. “Je passe en revue les données concrètes, je lui dis qui travaille le plus et quand, qui fait le plus dans la maison et qui contribue le plus à notre vie.” Cette dispute n’a jamais vraiment eu lieu. Elle s’est déroulée dans la tête de Cassie. C’était complètement imaginaire : une répétition en prévision d’une conversation à venir. “Et lorsqu’on a fini par aborder la question du ménage, il s’est simplement excusé et s’est engagé à y consacrer une heure par jour. Ça s’est vite terminé”, explique Cassie. “C’était presque décevant, même si, de toute évidence, je n’avais pas vraiment envie d’une confrontation, c’est juste que j’avais tellement investi d’énergie à préparer la situation.” Sur TikTok, il apparaît clairement que cette pratique (simuler une dispute ou une conversation difficile avant qu’elle ne se produise) n’est pas du tout inhabituelle. Dans une tendance du moment sur le réseau social, on voit des jeunes femmes et des jeunes filles chanter en playback sur “Rap God” d’Eminem (la partie qui est presque inhumainement rapide) avec des légendes telles que “je révise mes notes pour les disputes avec mon copain” ou “je m’entraîne aux disputes avec mon copain”. Pour moi, en tout cas, beaucoup des vidéos qui dominent ma page “Pour toi” tournent en dérision le fait de planifier et faire jouer dans sa tête les disputes avant qu’elles ne se produisent vraiment. @laurensimpsonxx like why did u not rehearse ?? ♬ Breakin my heart – Jodeci’s groupie “Ça me donne l’impression d’être folle”, dit-elle en riant. “Pourquoi est-ce que je reste au lit pendant des heures à réfléchir aux détails d’une dispute, alors qu’elle n’aura peut-être jamais lieu ? Parfois, Ellie imagine une dispute, et quand celle-ci se concrétise, ça ne se déroule pas du tout comme prévu. “C’est vraiment perturbant quand la personne ne suit pas le script ! Je me prépare tellement. Je pense à quatre versions différentes de ce que la personne pourrait dire et à ce que sera ma réplique. Je m’énerve même sur ce qu’elle pourrait dire, ce qui est évidemment inutile. Je me prépare tellement que lorsque quelqu’un me dit quelque chose à quoi je ne m’attends pas, ça me fout en l’air.” @fleeekxyyyy Me planning an argument in my head be like this @official_abdxl #fyp #relatable #couples #relatablecouple #argument ♬ Originalton – nadegemferi Gigi Engle, sexologue certifiée spécialisée dans les questions de genre, de sexualité et de diversité dans le couple, explique que la raison qui peut nous pousser à avoir des disputes dans notre tête est le besoin de nous préparer à une confrontation ou à un désaccord. “Vous ne pouvez cependant pas écrire le script de votre partenaire”, ajoute-t-elle. “On ne peut pas prédire ce qu’il ou elle pourrait dire lors d’une dispute, mais on essaie de se convaincre que si.” “C’est pourquoi nous développons ces scripts d’échanges, un peu comme un moyen pour nous de traiter et de jouer n’importe quel scénario afin d’y être préparé·es.” Cette pratique est un peu comme une gestion de crise personnelle. Vous évaluez le pire cas de figure en cas d’urgence. En réalité, nos partenaires sont aussi humain·es que nous et iels agiront (et réagiront) d’une manière qui peut nous surprendre. Ce n’est pas une mauvaise chose, mais un aspect bien réel et inévitable d’une relation avec un autre être humain, que nous ne devrions pas essayer de contrôler. Engle soupçonne que les femmes et les hommes ont tou·tes deux ces disputes imaginaires, mais note qu’on apprend aux femmes à faire preuve de plus d’empathie. En d’autres termes, les femmes se préoccupent naturellement des sentiments des autres et les font souvent passer avant les leurs. “Dans les couples hétérosexuels, on attend de nous que l’on arrange les choses”, ajoute-t-elle. Cela pourrait expliquer pourquoi notre premier réflexe, lorsque nous nous attendons à une confrontation ou que nous savons que nous devons formuler des critiques, est de nous préparer. Les femmes ont l’habitude de résoudre les problèmes affectifs, et cette responsabilité implique une telle pression, que nous nous contentons de veiller à ce que tout se passe bien. En raison de ce déséquilibre dans la perc
Il y a quelques semaines, Cassie*, 26 ans, attachée de presse, s’est préparée pour une dispute avec son copain.
“Cela faisait des semaines qu’il n’avait pas fait le ménage. Au début, j’ai fait tout ce que j’ai pu pour essayer de passer outre et maintenir la paix, mais j’en arrivais à un point où je ne pouvais plus le supporter”, raconte-t-elle à Refinery29.
Alors Cassie a préparé un plan d’action : elle l’attend près de la porte d’entrée. Elle lui dit qu’il faut qu’iels parlent, puis elle lui fait comprendre qu’il ne fait pas sa part du travail.
“Mais ensuite, il riposte en me disant qu’il ne fait rien à la maison parce qu’il a beaucoup de travail”, explique-t-elle. C’est alors que Cassie commence à sortir les “dossiers”, comme elle les appelle.
“Je passe en revue les données concrètes, je lui dis qui travaille le plus et quand, qui fait le plus dans la maison et qui contribue le plus à notre vie.”
Cette dispute n’a jamais vraiment eu lieu. Elle s’est déroulée dans la tête de Cassie. C’était complètement imaginaire : une répétition en prévision d’une conversation à venir.
“Et lorsqu’on a fini par aborder la question du ménage, il s’est simplement excusé et s’est engagé à y consacrer une heure par jour. Ça s’est vite terminé”, explique Cassie. “C’était presque décevant, même si, de toute évidence, je n’avais pas vraiment envie d’une confrontation, c’est juste que j’avais tellement investi d’énergie à préparer la situation.”
Sur TikTok, il apparaît clairement que cette pratique (simuler une dispute ou une conversation difficile avant qu’elle ne se produise) n’est pas du tout inhabituelle.
Dans une tendance du moment sur le réseau social, on voit des jeunes femmes et des jeunes filles chanter en playback sur “Rap God” d’Eminem (la partie qui est presque inhumainement rapide) avec des légendes telles que “je révise mes notes pour les disputes avec mon copain” ou “je m’entraîne aux disputes avec mon copain”. Pour moi, en tout cas, beaucoup des vidéos qui dominent ma page “Pour toi” tournent en dérision le fait de planifier et faire jouer dans sa tête les disputes avant qu’elles ne se produisent vraiment.
@laurensimpsonxx like why did u not rehearse ?? ♬ Breakin my heart – Jodeci’s groupie
“Ça me donne l’impression d’être folle”, dit-elle en riant. “Pourquoi est-ce que je reste au lit pendant des heures à réfléchir aux détails d’une dispute, alors qu’elle n’aura peut-être jamais lieu ?
Parfois, Ellie imagine une dispute, et quand celle-ci se concrétise, ça ne se déroule pas du tout comme prévu.
“C’est vraiment perturbant quand la personne ne suit pas le script ! Je me prépare tellement. Je pense à quatre versions différentes de ce que la personne pourrait dire et à ce que sera ma réplique. Je m’énerve même sur ce qu’elle pourrait dire, ce qui est évidemment inutile. Je me prépare tellement que lorsque quelqu’un me dit quelque chose à quoi je ne m’attends pas, ça me fout en l’air.”
@fleeekxyyyy Me planning an argument in my head be like this @official_abdxl #fyp #relatable #couples #relatablecouple #argument ♬ Originalton – nadegemferi
Gigi Engle, sexologue certifiée spécialisée dans les questions de genre, de sexualité et de diversité dans le couple, explique que la raison qui peut nous pousser à avoir des disputes dans notre tête est le besoin de nous préparer à une confrontation ou à un désaccord.
“Vous ne pouvez cependant pas écrire le script de votre partenaire”, ajoute-t-elle. “On ne peut pas prédire ce qu’il ou elle pourrait dire lors d’une dispute, mais on essaie de se convaincre que si.”
“C’est pourquoi nous développons ces scripts d’échanges, un peu comme un moyen pour nous de traiter et de jouer n’importe quel scénario afin d’y être préparé·es.”
Cette pratique est un peu comme une gestion de crise personnelle. Vous évaluez le pire cas de figure en cas d’urgence. En réalité, nos partenaires sont aussi humain·es que nous et iels agiront (et réagiront) d’une manière qui peut nous surprendre. Ce n’est pas une mauvaise chose, mais un aspect bien réel et inévitable d’une relation avec un autre être humain, que nous ne devrions pas essayer de contrôler.
Engle soupçonne que les femmes et les hommes ont tou·tes deux ces disputes imaginaires, mais note qu’on apprend aux femmes à faire preuve de plus d’empathie. En d’autres termes, les femmes se préoccupent naturellement des sentiments des autres et les font souvent passer avant les leurs.
“Dans les couples hétérosexuels, on attend de nous que l’on arrange les choses”, ajoute-t-elle. Cela pourrait expliquer pourquoi notre premier réflexe, lorsque nous nous attendons à une confrontation ou que nous savons que nous devons formuler des critiques, est de nous préparer.
Les femmes ont l’habitude de résoudre les problèmes affectifs, et cette responsabilité implique une telle pression, que nous nous contentons de veiller à ce que tout se passe bien.
En raison de ce déséquilibre dans la perception de l’intelligence émotionnelle et de l’expérience, les femmes sont également plus susceptibles que les hommes de parler de leurs problèmes de couple à leurs ami·es avant même d’aborder la question avec leur partenaire. Elles vont élaborer une réponse collaborative plutôt que d’aller au combat arme au poing.
@azianagranday Planning our future arguments bae