L’eurodéputée Chloé Ridel, parfait exemple des contrevérités socialistes

Il se dit beaucoup ces temps-ci que le réseau social X (ex-Twitter) est devenu un épouvantable cloaque de désinformation, de propagande et d’idées fausses, surtout depuis qu’Elon Musk en a pris les commandes en 2022. Je ne suis pas loin de partager cette désagréable impression : j’ouvre X ce week-end, et voilà que je tombe […]

Jan 14, 2025 - 22:04
L’eurodéputée Chloé Ridel, parfait exemple des contrevérités socialistes

Il se dit beaucoup ces temps-ci que le réseau social X (ex-Twitter) est devenu un épouvantable cloaque de désinformation, de propagande et d’idées fausses, surtout depuis qu’Elon Musk en a pris les commandes en 2022. Je ne suis pas loin de partager cette désagréable impression : j’ouvre X ce week-end, et voilà que je tombe directement sur un tweet de l’eurodéputée PS Chloé Ridel nous enjoignant avec l’inimitable aplomb des idéologues de bien comprendre que seul l’État libère tandis que le secteur marchand opprime. En fait d’approximations, de contrevérités et d’omissions pratiques, difficile de faire mieux !

chloé_ridel

Première remarque, il semblerait que Mme Ridel ne soit pas le moins du monde empêchée de publier absolument tout ce qu’elle veut sur le réseau social si décrié, et c’est très bien comme ça. Pour ma part, je ne partage pas grand-chose avec elle dans les domaines économique et politique, mais plutôt que de réclamer à cor et à cri l’interdiction de X, comme l’a fait notre nouveau ministre des Affaires étrangères et toute la gauche, dépitée de voir qu’elle n’a pas le monopole des idées sur les réseaux sociaux, je préfère tout simplement, et tout normalement en démocratie, lui répondre.

Chloé Ridel s’alarme d’un monde qu’elle qualifie de “libertarien” dans lequel les services publics seraient privatisés et l’État réduit à sa plus simple expression. Elle considère qu’une telle configuration ferait perdre au peuple le contrôle démocratique sur des pans entiers de son existence. Ce serait même déjà le cas dans le champ du progrès technologique, dans la mesure où ce sont quelques milliardaires de la Silicon Valley qui décident des secteurs de recherche dans lesquels ils vont investir leur argent. L’esprit démocratique voudrait qu’on fasse de la recherche en sobriété énergétique, par exemple ; eh bien, non, il faut qu’Elon Musk s’intéresse à Mars ! Il faut qu’il développe Neuralink ! C’est carrément fasciste, et tellement typique des forces aveugles de l’argent !

Il est toujours assez prodigieux de voir que les trois grands réflexes politiques des socialistes n’ont pas évolué d’un iota depuis Marx. Pour commencer, l’ennemi radical, ce sont les puissances d’argent, comme disaient Mitterrand puis Hollande. Il y a un siècle, Daladier dénonçait déjà “deux cent familles” comme étant “maitresses de l’économie française et, en fait, de la politique française.” Le propos s’est en quelque sorte internationalisé jusqu’en Californie, mais c’est bien toujours le même complot des riches contre les masses laborieuses que les socialistes s’emploient à pourfendre inlassablement.

Le second aspect, qui découle logiquement du précédent, réside dans la cape de vertu que les socialistes n’oublient jamais d’endosser à tout propos. Étant insensibles au pouvoir de l’argent (sauf lorsqu’il s’agit, assez souvent, de réclamer plus de subventions pour leurs bonnes œuvres), leurs projets sont forcément vertueux et il faudrait avoir l’esprit d’une noirceur désespérément mercantile pour ne pas y déceler immédiatement l’unique voie possible de l’humanisme triomphant.

Quant au troisième réflexe, qui découle lui aussi logiquement du précédent, c’est le déni de la possibilité de choisir. Les projets socialistes étant par définition vertueux, aucun autre choix ne pourra leur être supérieur. Il est dès lors beaucoup plus juste, beaucoup plus solidaire, beaucoup plus généreux, beaucoup plus intelligent, beaucoup plus artistique, beaucoup plus démocratique (etc., selon le projet considéré) de s’en remettre sans réfléchir à ce que le socialisme a prévu pour le peuple. Or Elon Musk et consorts mettent leur argent dans ce qui leur chante, sans demander l’avis de Chloé Ridel. Quel scandale !

Cette dernière pousse ensuite son raisonnement jusqu’à un extrême censé nous pétrifier d’horreur, mais qui s’avère plutôt de nature à nous arracher un sourire narquois tant il frôle le ridicule : imaginez que le service public Pôle emploi soit entièrement remplacé par le réseau social professionnel privé Linkedin…

Il se trouve que nous autres, en France, avons la chance de vivre sous la houlette d’un État particulièrement vaste, peut-être le plus vaste au monde, en nombre de fonctionnaires, en dépenses publiques, en prélèvements obligatoires, en normes et réglementations, en agences gouvernementales, etc. Nous sommes donc particulièrement bien placés pour en mesurer exactement les bénéfices « citoyens ». Aussi, je pose la question : existe-t-il beaucoup de personnes qui puissent affirmer sans rire que Pôle emploi leur a été utiles pour trouver un emploi ? Ce qui est certain, c’est que, malgré tous ses lumineux services publics, la France a un taux de chômage de 7,4 %, tandis que les États-Unis qui n’ont pas le bonheur de connaître Pôle emploi, devenu France Travail, sont à 4,1 %.

De même, qui peut affirmer sérieusement que nos services publics ont été déterminants dans la recherche scientifique et les projets technologiques ? On a plutôt en mémoire les échecs retentissants que furent le plan calcul, le minitel, le défunt aéroport de Notre-Dame-des-Landes et toutes les difficultés de gouvernance étatique qui ont entouré la (longue) genèse de l’EPR de Flamanville. On se rappelle également non sans rire jaune que selon les services de l’État français sollicités en 1994 pour évaluer les potentialités d’Internet, ce dernier “ne saurait, dans le long terme, constituer à lui tout seul, le réseau d’autoroutes mondial.”

Bref. On pourrait passer en revue tous nos services publics monopolistiques, de l’hôpital à l’école et de l’université à Pôle emploi, et ce serait à chaque fois le même constat éminemment déprimant : résultat insuffisant. Les élections ont-elles permis de changer quoi que ce soit à cette situation, comme Chloé Ridel semble le penser ? Non, et ce, pour deux grandes raisons qui se résument en deux concepts : concurrence et prise de risque (au sens de “skin in the game”).

Les services publics à la française sont typiques des organisations qui fonctionnent sans l’aiguillon de la concurrence, ce qui les dispense de réfléchir à l’amélioration de leur offre. De plus, leurs agents, titulaires pour la plupart de l’emploi à vie, dépensent de l’argent qui ne leur appartient pas, formule idéale pour offrir un mauvais service au prix fort. S’ils sont une garantie de quoi que ce soit, c’est que l’argent (des impôts et de la dette) sera à coup sûr mal employé. Une vérité corroborée de rapport en rapport par la Cour des comptes, y compris dans celui du 9 janvier dernier, qui fait la liste des aides financières censément exceptionnelles qui se prolongent sans fin et sans raison.

En l’absence de concurrence, en l’absence de prise de risque par des acteurs économiques, scientifiques, éducatifs, sanitaires et/ou culturels diversifiés, les pans de notre existence restent tous intégralement dominés par un seul acteur, l’État. La possibilité du choix disparaît au profit d’une seule école, d’un seul hôpital, d’une seule recherche, d’un seul système de retraite, etc., dans lesquels nous ne sommes plus des citoyens libres, mais des usagers tout juste bons à accepter ce que l’administration veut bien nous accorder : du chômage, mais indemnisé ; des pénuries de médecins et de médicaments, mais « gratuits » si on y avait accès ; des diplômes de moins en moins valorisés, mais accessibles à tous. Vous avez dit perte de contrôle ? Ô combien !