Cette surprenante église aux portes de Paris est en fait un vestige de l’Exposition coloniale de 1931

Plus de 400, c’est le nombre d’églises que l’on peut trouver en Île-de-France. Si certaines sont évidemment plus connues que d’autres, certaines valent également le détour, ne serait-ce que pour leur apparence qui sort de l’ordinaire. À l’image de ce lieu de culte à 45 minutes de Paris, dont le style est aussi déroutant que […]

Jan 16, 2025 - 19:05
Cette surprenante église aux portes de Paris est en fait un vestige de l’Exposition coloniale de 1931

Plus de 400, c’est le nombre d’églises que l’on peut trouver en Île-de-France. Si certaines sont évidemment plus connues que d’autres, certaines valent également le détour, ne serait-ce que pour leur apparence qui sort de l’ordinaire. À l’image de ce lieu de culte à 45 minutes de Paris, dont le style est aussi déroutant que son histoire…

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Un monument à la gloire des missionnaires catholiques et protestants à l’origine

Pour cela, il faut d’abord remonter près de 100 ans en arrière, lors d’une exposition d’un autre temps. Si la France avait décidé d’exclure depuis 1878 les édifices religieux des expositions universelles, l’exposition coloniale internationale de 1931 qui se tient au bois de Vincennes marque un tournant. Cet événement, impossible de nos jours mais qui a laissé une trace indélébile dans le paysage parisien, accorde pour l’occasion une place importante au pavillon des Missions de Paul Tournon, justifiée par l’importante contribution des missionnaires catholiques et protestants à l’assistance à la conversion et à son rôle déterminant dans la mission “civilisatrice” de la Nation française. Rendu célèbre pour la réalisation d’une douzaine d’édifices religieux en béton armé en France et au Maroc, l’architecte française imagine donc cette église à l’instigation du maréchal Hubert Lyautey et de l’amiral Lucien Lacaze. L’édifice religieux est incorporé au sein d’un pavillon érigé “à la gloire de la conquête missionnaire de l’église catholique à travers les pays et les siècles”, et flanqué d’un campanile de 40 mètres de haut.

Pavillon des Missions Catholiques à l'Exposition Coloniale de PARIS en 1931 © Editions Braun
Pavillon des Missions Catholiques à l’Exposition Coloniale de PARIS en 1931 © Editions Braun

L’un des symboles d’une vaste opération de christianisation… en Île-de-France

Tout comme la plupart des édifices des expositions universelles ou coloniales, le pavillon en question devait être détruit au terme de l’exposition de 1931. Mais Lyautey et Lacaze s’y opposent et parviennent à faire déplacer l’édifice à Épinay, et plus précisément au nord-ouest de la commune au lieu-dit “le Cygne d’Enghien”. Si le projet est mis à mal à cause de la situation financière engendrée par le krach boursier de 1929, la reconstruction peut finalement débuter en 1932, grâce à une souscription nationale.Si elle parvient à garder la plupart de ses œuvres monumentales, cette reconstruction est l’occasion pour l’église Notre-Dame d’arborer des matériaux plus solides, à l’image du béton armé venant remplacer le bois. Ce déplacement aux portes de Paris s’inscrit également dans l’initiative de l’Œuvre des Chantiers du Cardinal, une opération lancée par l’Église durant les années 1930 visant à christianiser les banlieues rouges de Paris, à savoir les villes à mairie communistes autour de la capitale. Entre 1931 et 1940, pas moins de 102 églises sont ainsi construites en région parisienne, et l’inauguration de Notre-Dame des Missions du Cygne d’Enghien est faite en 1933, tandis qu’il faut attendre 1935 pour voir la grande cloche être installée. Classée monument historique en 14 juin 1994, celle qui est considérée comme un chef-d’œuvre de l’art sacré du début du XXe siècle demeure, avec le Palais de la Porte Dorée, le principal vestige de l’exposition coloniale de 1931.

 

 

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Un chef-d’œuvre de l’art sacré du XXe siècle

Et si l’histoire de Notre-Dame des Missions du Cygne d’Enghien a de quoi captiver, que dire de son style ? D’un éclectisme étonnant, l’église s’inspire de l’architecture des cinq continents : la façade de son porche à trois toits superposés couverts de tuiles creuses est décorée d’idéogrammes chinois, ses combles présentent des angles courbés auxquels s’ajoutent des parties bouddhiques et africaines, tandis que le clocher rappelle la forme d’un minaret. Enfin, réalisée de la main du sculpteur Roger de Villiers, la Vierge reposant sur un globe trône au sommet. Une fois à l’intérieur, ce voyage aux quatre coins de la planète n’en finit pas pour autant. Peintres, sculpteurs et verriers, pour la plupart issus des ateliers d’Art sacré de Maurice Denis (également l’auteur des vitraux de Notre-Dame du Raincy) et Georges Desvallières, sont nombreux à avoir travaillé à la décoration intérieure de Notre-Dame-des-Missions, faisant une fois de plus de l’édifice un exemple remarquable de l’art sacré des années 30. Difficile par exemple de ne pas être captivés par les personnages liés aux débuts de l’évangélisation qui se concentrent autour de la figure centrale du Christ Missionnaire et sont signés du verrier Jean Herbert-Stevens. Le message d’évangélisation à travers le monde se poursuit enfin grâce aux fresques, qu’il s’agisse de cette carte situant les grands lacs et les villes importantes du Canada, l’évangélisation du sud algérien et du Sahara par le père de Foucauld ou encore ces fresques murales narrant l’évangélisation de la Cochinchine et de l’Inde par François Xavier et celle du Japon par Navarette. De quoi avoir le tournis devant ce déluge de couleurs, de messages… et de destinations !

 

Église Notre-Dame-des-Missions du Cygne d’Enghien
102 avenue Joffre
93800 Epinay-sur-Seine

 

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Image à la une : Eglise Notre-Dame des Missions du Cygne d’Enghien © @matthiasautourdumonde

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